Post by Gilles Robert[re-restreint à fsm, pour la même raison que précédemment]
Post by Jacques LavauMême les physiciens ont besoin de savoir ce qui se passe dans un
monde "idéal", répondant aux axiomes des mathématiques.
Erreur de date : c'était un monde idéal AVANT qu'on bute sur les
diverses limites atomiques. Avant les dates (déjà anciennes) que
j'ai citées en clair. Maintenant c'est un monde fossile qui ne se
maintient que par la force de l'inertie. Oui, il a bien rempli son
rôle durant des millénaires d'aventure technologique MACROSCOPIQUE.
C'est périmé et dommageable depuis un sacré bout de temps, disons
77 ans à ce jour.
Et les physiciens ne se servent bien entendu _jamais_ de la
mécanique newtonienne ni des approximations classique ou
semi-classique, même pour avoir une idée a priori du comportement des
systèmes qu'ils étudient.
On peut les laisser, maintenant, ces banalités de café du Commerce ?
Oui ?
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauMario Bunge est particulièrement haï des physiciens quantiques : il a
osé écrire qu'il faut expliciter ses axiomes logiques et
mathématiques, mais aussi ses axiomes sémantiques, et pas seulement
les axiomes physiques. Cela les met dans un grand embarras : depuis
le début de leur carrière, ils enseignent un formalisme (correct)
sans sémantique, ou avec une sémantique farfelue, contredite par
tous les calculs selon le formalisme.
J'ai rien compris. Ca veut dire quoi ?
Exactement la même chose que ce qu'expliquent, caustiques, Jean-Marc
Lévy-Leblond et Françoise Balibar, en avant-propos de leur Quantique
(CNRS-InterEditions, 1984) :
"Le débat épistémologique initial sur les fondements et
l'interprétaion des concepts, qui était loin d'être clos, a été peu à
peu occulté par un consensus résigné sur l'efficacité des méthodes.
D'où cette longue série de livres, réservant pour la forme quelques
pages aux problèmes "philosophiques", présentant un abrégé de la
vulgate orthodoxe ("l'interprétation de Copenhague") et oubliant
aussitôt ces grandes questions pour passer aux choses sérieuses :
séparation des variables dans l'équation de Schrödingr, couplage des
moments angulaires, méthode des perturbations, et autres gymnastiques
formelles."
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauEn maths non plus, nous n'avons collectivement pas encore accepté
d'expliciter les dettes technologiques justifiant des axiomes
autrement infondés.
Les axiomes de la géométrie sont ce qu'ils sont. On les accepte ou
pas, et si on ne les accepte pas, on développe une autre théorie,
différente.
Ils ne tombent pas miraculeusement du ciel abstrait. Ils sont hérités
d'une longue histoire technologique, et de sa transmission culturelle.
Le fantasme d'auto-engendrement n'a jamais produit de résultats
convaincants. Dans la réalité, nous héritons des générations
précédentes.
Post by Gilles RobertJe ne suis pas d'accord avec Babacio quand il dit que
"Bien sûr que si, on s'en préoccupe [de savoir si ce qu'on étudie
représente la réalité.]! La réalité mathématique qui existe et est
confrontable à la théorie, c'est celle du calcul (analyse numérique ou
calcul formel...)".
Post by Gilles RobertCette réalité n'est superposable avec les conséquences
mathématiques calculées que par le biais d'un modèle (mécanique
newtonienne, classique, optique, équations de Navier-Stokes pour la
mécanique des fluides, etc.). AMHA il faut séparer d'un côté les
aspects du modèle en lui-même (et là on se fiche qu'il soit adapté à
la réalité, on se contente de développer ses conséquences) et d'un
autre côté l'adaptation du modèle au problème réel, et ceci passe par
la confrontation entre les résultats d'expérience réels et les
prédictions fournies par l'étude mathématique précédente. Pour moi,
cette deuxième phase ne relève plus uniquement des mathématiques, même
si elle est évidemment primordiale pour toute personne faisant des
mathématiques appliquées.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauOr ces dettes technologiques sont maintenant
périmées. Nous n'enseignons pas les limites inévitables (et souvent
très très proches) des concepts que nous enseignons. Fonctioner en
autarcie intellectuelle, cela génère une outrecuidance fort dangereuse
et dogmatique.
Comme je le dis plus haut, ça ne me semble pas être le rôle du
mathématicien de le faire, mais du physicien.
Résultat net : personne n'est jamais responsable de rien, et aucun
échange interprofessionnel n'a de qualité contractuelle garantie.
Type de résultats : La première Ariane 5 a dû être détruite, en juin
96. Oh, juste une division avec quotient sur 16 bits, qui a débordé
les 16 bits alloués... Qui était responsable ? ADA n'avait pas
implémenté la programmation par contrat. L'algorithme ne pouvait
déborder avec Ariane 4. L'accélération d'Ariane 5 étant plus forte,
avec les 2 boosters à poudre, les conditions contractuelles des
données d'entrée n'étaient plus respectées.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauQuelles erreurs mathématiques vous semble-t-il utile voire
indispensable de corriger ? Je suis sûr que beaucoup ici sont intéressés.
Post by Gilles RobertPas de réponse ... Dommage.
Si, mais vous ne les avez pas remarquées.
apercevra. Et
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauPost by Jacques Lavauvas-y Toto que l'on remet des "lignes trigonométriques" dans les
manuels de B.E.P., et autres perles...
Je ne comprends pas l'allusion. Pourriez-vous développer ?
Si si ! "Lignes trigonométriques" au lieu de "Fonctions
trigonométriques", c'est bien assez bon pour des manuels de maths pour
B.E.P. Et puis l'avantage, c'est que ça au moins, c'est réactionnaire,
ce qui fait toujours bien pour la carrière des courtisans.
Qu'est-ce qu'il y a de réactionnaire là dedans ? La terminologie
est sans doute un peu vieillotte, mais le concept est le même, non ?
"Lignes trigonométriques" : Parfait dans les façons d'enseigner du 19e
siècle, où avec un quart de cercle trigonométrique, et des angles
aigus non orientés, on définissait six segments :
sinus, cosécante, cosinus, sécante, tangente, cotangente.
Et on confondait implicitement les segments et les longueurs des
segments.
Dans le contexte moderne, c'est juste du bruit parasite. Nos élèves
ont déjà bien assez de difficultés sans ces parasites. C'était déjà du
bruit parasite quand j'étais en culottes courtes, alors maintenant !
"Fonctions" trigos, parmi d'autres fonctions. Point.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauUn autre exemple des faits de secte qui affectent une équipe de
rédaction de manuel, et de proche en proche tous les profs de maths
df/dx = df/dg . dg/dx
qui est dangereux et source de confusion également.
A mon tour de vous demander de vous expliquer.
C'est rappelé dans les plus gros mementos et handbooks d'ingénierie,
par exemple le gros Perry & Chilton.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauMaintenant les élèves de première doivent apprendre le mélange
d(u(x))²/dx = 2u'u, et le reste à l'avenant.
Le calcul différentiel est le domaine mathématique où je trouve le
problème du choix des notations le plus ardu si on veut à la fois une
notation fonctionnelle et peu sensible aux erreurs d'étourderie. Il
n'est donc pas surprenant que certains manuels (j'ose espérer qu'ils
ne sont pas tous de la même eau) soient peu clairs de ce point de vue.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauC'est cela au quotidien, le mépris du client. Il n'est pas question
qu'il puisse se servir couramment des connaissances dans son métier,
avec un effort de mémoire minime, et une sûreté imperturbable. Ce qui
compte, c'est qu'il serve à gonfler la doudoune d'un auteur en mal de
gloire et de toute-puissance. Peut chaut à l'auteur le coût exorbitant
exacté à l'entendement de l'élève.
Procès d'intention vis-à-vis d'un auteur, lequel est bien
évidemment généralisé parmi tous les auteurs de manuels. Qui parle de
mépris ?
Pour me donner tort, il suffit d'exhiber les efforts de prétest auprès
d'autres professeurs et d'autres élèves.
Je ne soupçonnais pas à quel point le fait d'abandonner l'estrade et
aller chez les élèves en besoin de soutien, pouvait vous mettre en
pleine lumière les difficultés dans lesquelles ils se débattent.
Dans des classes parfois très difficiles de LP, souvent les élèves
n'osent pas dire clairement une difficulté, s'ils ne peuvent la
théâtraliser sous forme conflictuelle, voire violente, sous le regard
des autres, de peur d'être classé comme "collabo". Et dans bien des
collèges, ce n'est pas mieux. En privé, les doutes, les retards, les
conceptions erronées, tout se trouve bientôt mis à plat, en confiance.
Mes collègues qui leur transmettent ces cours en conformité avec le
manuel - et sous parrainage d'inspecteurs, n'oublions jamais ces
"parrains" -, ne maîtrisent tout simplement pas assez leur domaine
pour détecter les entourloupes.
Les élèves en soutien scolaire ne deviendront jamais profs de maths.
Ils ont pourtant besoin qu'on leur donne des méthodes fiables et
incassables.
Hélas là, le système Enseignement des maths ne répond pas à ce cahier
des charges. Beaucoup trop coutumier, autistique, et
intellectualiste... Ils ont du verbe, mais ils manquent de mains, et
de références concrètes dans les professions, professions manuelles
notamment. Ces profs et leurs inspecteurs ne sont encore jamais sortis
de l'école.
Si les manuels de 6e profitent des apports des didacticiens, en 5e il
s'en est bien perdu, en 4e presque plus rien, et en 3e c'est foutu :
les coutumes internes à la secte ont gardé 100% du pouvoir, revoilà
les private jokes, les non-définitions même plus référées à aucune
expérience concrète de nulle part, etc...
Du bidonnage en circuit fermé.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauPost by Jacques LavauLe postulat clandestin de la géométrie que nous enseignons, est qu'on
est tellement loin de la limite atomique, qu'on ne l'atteindra jamais.
C'est un postulat. On l'admet ou pas, mais si on l'admet, il a
des conséquences intéressantes, comme la notion de ligne droite,
d'espace vectoriel, d'algèbre linéaire.
Un postulat a-t-il le droit de rester clandestin ?
Montrez-moi quel autre auteur que moi, l'ait jamais explicité.
Cette clandestinité des postulats peut n'être une simple bévue de
débutant, que tant qu'on ne connaît rien d'autre au monde que le
macroscopique. Après que les expériences de Grangier et d'Aspect aient
prouvé que les conceptions géométriques et localistes d'Einstein
étaient démenties par l'expérience, alors le maintien dans la
clandestinité des postulats macroscopiques, devient une faute
professionnelle lourde.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauModèle de quoi ? Concret ! Concret !
Modèle de l'espace qui nous entoure. Je pensais que c'était
sous-entendu dans toute la discussion. Et ce modèle est encore
amplement suffisant si on veut par exemple calculer la trajectoire
d'une balle de tennis envoyée par une machine automatique en fonction
de sa vitesse initiale.
Macroscopique. On n'a plus rien de nouveau à y faire.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauPost by Jacques LavauLa limite atomique, les
chimistes butent dessus depuis le 19e siècle. La limite atomique de la
lumière, Max Planck a buté dessus depuis décembre 1900. Et comme
ingénieurs, nous butons dessus aussi depuis l'invention du
microscope
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauPost by Jacques Lavauélectronique, années 40.
Ce qui veut dire qu'à cette échelle, le modèle n'est plus
valable. Faut-il pour autant le jeter complètement et arréter de
l'enseigner,
Vous savez fort bien que cela n'a jamais été en jeu.
Ce qui est en jeu, c'est la clandestinité des postulats n'ayant de
validité que dans le macroscopique, donc par hypothèse très loin de la
limite atomique.
Post by Gilles RobertC'est enseigné en physique atomique,
Non.
J'y étais, je peux en témoigner.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauLe modèle a un domaine d'application et tu as trouvé un domaine
où il ne s'applique pas. Bravo.
Post by Gilles RobertPost by Jacques LavauJe n'ai pas trouvé "Un" domaine. Je n'ai donné qu'un seul exemple,
représentatif de TOUTE la microphysique.
Et vous n'avez pas répondu non plus à une autre question que je
posais : quelle définition de la longueur suggérez-vous en microphysique ?
J'ai répondu depuis longtemps : c'est fini, on est sortis du domaine
de validité de ce concept, définitivement incompétent à cette échelle
quantique.
Pour que la définition d'une grandeur physique ait un sens, il faut
des protocoles de mesures qui donnent des résultats cohérents et
convergents. L'expérience a amplement prouvé que nous n'aurons jamais
rien de semblable ici. C'est vexant, mais c'est ainsi.
Aussi bien notre "espace" et notre "temps" macroscopiques ne sont que
des émergences statistiques. On n'a pas encore clairement établi les
analogues du 2e principe de la thermodynamique, qui contraignent ces
émergences de quantités et quantités d'interactions élémentaires,
comparables à l'émergence statistique de la température et de
l'entropie.
Cette émergence, c'est Roger Penrose qui l'avait prouvée, dans Roger
Penrose. Angular Momentum : an Approach to Combinatorial Space-Time.
pp 151 - 180, in Quantum Theory and Beyond. Edited by T. Bastin.
Cambridge University Press, 1971.
--
La science se distingue de tous les autres modes de transmission des
connaissances, par une croyance de base : nous croyons que les experts
sont faillibles, que les connaissances transmises peuvent contenir
toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la
peine de vérifier, par des expériences.
-- Jacques Lavau (retirer les anti et les spam pour le courriel)
http:/lavaujac.club.fr