Post by Stef JM"Hibernatus" a écrit
Post by HibernatusD'ailleurs, quel prof du secondaire s'est déjà (honnêtement) demandé ce
qu'est un système axiomatique, ce qu'est simplement une fonction, si les
axiomes de Peano ne sont pas foireuses, etc. ? Faites un sondage !
C'est quoi une fonction?
Ben justement ! Dans les manuels, on lit le plus souvent une phrase absconse
du genre
"une fonction est un procédé associant à un nombre un unique nombre image"
ou dans la même veine.
Qu'est-ce qu'un "procédé" ?
Qu'est-ce qu'"associer" ?
La plupart des élèves s'en contentent (ils achètent le lot, sans discuter).
Mais qu'un élève s'aperçoive des questions que cela soulève, et vous voilà
bien dans l'embarras ! Plusieurs choix :
1. paraphraser cette "définition" en changeant les mots, histoire d'avoir
l'air de donner une explication,
2. illustrer avec une foule d'exemples en espérant que le gamin, soit
subjugué par votre culture, soit assommé, abandonne le combat,
3. se lancer dans une introduction à la théorie des nombres, avec produit
cartésien, injections, projections et tutti quanti (une fonction E->F peut
être identifiée à son graphe, qui est un sous-ensemble G du produit
cartésien E x F tel que pour tout y dans F il existe au plus une couple de
la forme (x, y) dans G); C'est tout de suite moins évident que le "procédé"
qui "associe".
4. (à éviter à tout prix) : "Retourne à ta place et tais toi ! Tu me feras
en plus les exercices 112 à 176."
Le problème que cela soulève : l'enseignement doit-il se saisir des
problématiques fondamentales qui soustendent les mathématiques
(l'axiomatisation, vérité vs. démonstrabilté, etc.) qui ont été un des
grands moteurs de l'évolution mathématiques au XXe siècle, ou doit-il se
contenter d'endosser l'habit formel (définition, proposition, théorème,
démonstration) tout en cachant au vulgus les problèmes profonds ?
On est plutôt dans la seconde option. Je me sens parfois comme un
missionnaire qui enseigne la Bible au peuple, mais qui passe sans autre
procès sur les notions de "divinité" (un "procédé" qui "crée" toutes choses,
n'est-ce pas), d'"immaculée conception" (qui serait une sorte de fonction
sans variable), etc.
C'est d'autant plus triste que le GRAND clivage qui existe aujourd'hui dans
la communauté mathématique est celui qui oppose les constructivistes
attardés aux hypocrites adorateurs de l'Axiome du Choix.
Or, le problème de l'axiome du choix, s'il n'est pas formellement relié à la
définition de la notion de "fonction", y point néanmoins son nez ! Une
fonction, pour être définie, le doit-elle être explicitement (pour chaque
valeur de la variable) ? Clairement non, sinon fini les mathématiques. On
peut ausi la définir par une formule, qui est un "procédé" fini permettant
d'obtenir l'image d'une valeur lorsqu'on en a besoin.
Et les autres fonctions ? Y en a-t-il ? Des fonctions que l'on ne pourrait
pas définir par une formule, ou par un algorithme ?
Et les fonctions classiques (sin, cos, exp, ln, sh, ch) comment les définir
? (certes, on dispose de constructions géométriques, des séries entières,
mais tout ceci introduit de nouvelles questions...).
En conclusion : la notion de fonction est franchement compliquée. Mais dans
le secondaire, elle ne sert que dans un sens <OPINION> affreusement
restreint </OPINION>. Alors pourquoi prétendre en donner une définition
"générale" ? Bourbaki est passé par là ?
Post by Stef JMPerdu, je ne suis pas "prof du secondaire", mais je veux bien savoir quand
même. ;-)
Post by HibernatusJ'arrête là, ou je vous en mets encore 1000 lignes.
Chiche.
C'est un plaisir de vous lire.
Post by HibernatusPrêt à répondre à toutes les critiques !
Philosophie+physique+mathématique
Est-ce une critique ou une suggestion ? ;)
Hib.